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Transcription
Les cancers bronchiques sont en fait multiples, il y en a plusieurs types. Le cancer bronchique que l’on appelle non à petites cellules et non-épidermoïde est la forme la plus fréquente.
Quand le cancer se développe à plusieurs endroits la stratégie thérapeutique repose quasi exclusivement sur la chimiothérapie, on met en place une stratégie avec un doublet de chimiothérapie à base de sel de platine associé à une autre molécule qui sera continuée après les premiers cycles. Cette molécule est continuée tant que le traitement est efficace et bien supporté. L’Intergroupe Francophone de Cancérologie Thoracique (IFCT) est un groupe coopérateur académique qui a promu l’essai IFCT-1101 Maintenance en collaboration avec le Groupe Français de Pneumo-Cancérologie (GFPC). Cet essai visait à comparer une stratégie de maintenance où on poursuivait la chimiothérapie de continuation, quels que soient les résultats thérapeutiques à la première évaluation après ces 4 cycles de chimiothérapie, par rapport à un traitement de maintenance ou de continuation qui était déterminé par la réponse après les 4 cycles de chimiothérapie. Nous avons réussi à inclure en 4 ans, entre 2012 et 2016, plus de 900 patients dans plus de 70 centres français. Les patients ne devaient pas présenter de mutations EGFR ou de translocations ALK car il y a des traitements très spécifiques appelés traitements ciblés. Les patients n’étaient pas non plus éligibles à l’utilisation d’un anti-angiogène qui est une molécule qui cible les nouvelles vascularisations tumorales.Le principe de l’essai IFCT-1101 était de tirer au sort les patients c’est ce que l’on appelle une randomisation :
Les patients étaient traités soit par le traitement considéré comme standard qui associe le cisplatine avec le pémétrexed (4 cycles) suivi de l’utilisation du pémétrexed en continuation tant que le traitement est efficace, c’est-à-dire tant qu’il n’y a pas de progression de la maladie, et tant que le traitement est bien supporté.
Dans l’autre groupe qui est le groupe expérimental on utilisait le même sel de platine, le cisplatine associé à la gemcitabine. La gemcitabine était poursuivie pendant 4 cycles et après le bilan nous continuions la gemcitabine. Par contre si la réponse n’était pas satisfaisante après ces 4 cycles de chimiothérapie, le traitement était changé. Il faut ajouter que ces trois molécules (le cisplatine, la gemcitabine et le pémétrexed) sont largement utilisées en France et dans le monde. Le pémétrexed et la gemcitabine sont des molécules qui sont intéressantes car elles ont peu de toxicités cumulatives et peuvent être utilisées sur une période prolongée.
Les résultats de cette étude sont considérés comme négatifs, c’est-à-dire que nous n’avons pas mis en évidence de supériorité du bras expérimental, à savoir l’adaptation de la chimiothérapie de maintenance aux résultats thérapeutiques du traitement d’induction, par rapport au traitement standard où on continuait la chimiothérapie quelle que soit la réponse. L’objectif principal était la survie globale, c’est-à-dire le délai entre l’attribution du traitement (début du traitement) et la survie du patient ou le décès du patient. On avait un résultat de 10,8 mois pour le groupe de patients traités par l’association cisplatine/gemcitabine et 10,4 mois pour le groupe de patients traités par cisplatine/pémétrexed. L’autre objectif était la survie sans progression, c’est-à-dire le délai entre le début du traitement et la progression de la maladie objectivée par les bilans d’imagerie. Là encore, il n’y a pas de différence avec 4,9 mois pour le groupe cisplatine/gemcitabine et 4,5 mois pour le groupe pemetrexed. Il est important de noter aussi qu’il n’y a pas de différence de toxicité entre les deux groupes de traitement et que les toxicités étaient tout à fait celles qui étaient attendues dans le cadre de l’utilisation de ces molécules qui sont largement connues. Ces résultats sont négatifs, c’est-à-dire que l’on n’arrive pas à connaitre la meilleure stratégie d’adaptation du traitement de maintenance suivant le type de tumeur et le type de patients. Par contre, il est important de noter que ces deux molécules sont légèrement différentes. Le pémétrexed est une molécule qui est plus onéreuse, la gemcitabine est moins chère mais par contre doit être réalisée une fois de plus toutes les trois semaines. On sait par ailleurs que le pémétrexed n’est pas accessible dans tous les pays du monde et est une molécule assez chère. L’association cisplatine/gemcitabine apparait être une solution possible dans certains cas si il n’y a pas de possibilité d’utiliser le pémétrexed ou encore en cas de de contre-indications de l’utilisation du pémétrexed. Enfin la dernière information est que cet essai a été présenté en communication orale au Congrès américain de cancérologie mondiale (ASCO) à Chicago en 2017 et qu’il devrait bientôt être publié.Dernière modification le jeudi, 19 juillet 2018 17:34
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